jeudi 26 avril 2012

1938: LA GREVE DES CHEMINOTS DE THIES



En septembre 1938, un an exactement avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, éclatait à Thiès, sur le réseau Dakar-Niger, la première grève ouvrière de masse. Elle devait se solder par une répression féroce que le régime colonial tenta de justifier, à l’époque, par la gravité de la conjoncture internationale et la menace, non moins grave, que cette grève faisait peser sur la mise en oeuvre, en cas de conflit, du plan de mobilisation générale en A.O.F. 
Signe avant-coureur d’une prise de conscience des masses laborieuses dans la communauté de leur condition sociale, à la fois grève revendicative et grève révolutionnaire, elle prit naissance, non pas parmi les cadres, ceux que l’on appelait à l’époque les « intellectuels », mais dans la catégorie des travailleurs jugée la moins consciente, chez les « gagne-petit ». 
Mamadou Seyni Mbengue évoque dans ces pages brûlantes les journées de fièvre de cette grève tragique qui si elle n’eut pas le même retentissement et la même portée que la grève historique des usines Mac Cormick - qui est à l’origine de la fête du travail du 1er mai - se révéla au moins comme la première passe d’arme d’un syndicalisme de combat qui n’en était pourtant qu’à ses premiers « balbutiements ». 
C’était un mardi du mois de septembre 1938. L’hivernage battait son plein. On était à l’époque de la floraison des arachides. Emergeant de leur gaine verte, les premières tiges de mil pointaient, vers un ciel délavé, leurs épis chargés de pollen doré. Dans la cité du rail où les feuillages des caïlcédrats, se jouant des rayons du soleil, projetaient sur le sol leur dentelle d’ombre et de lumière, la sirène du dépôt déchira l’air calme du matin. Mais ce jour-là, la presque totalité des travailleurs du Dakar-Niger ne répondit pas à l’appel quotidien de huit heures. Celui-ci marque le début d’une intense activité dans les ateliers, au milieu de l’atmosphère brillante, que dégagent les foyers incandescents du métal en fusion, le bruit des marteaux-pilons et le grincement des laminoirs que scande la note aiguë des sifflements des trains. 
Au passage à niveau qui marque l’entrée de la cité Ballabey, siège des ateliers et des bureaux des Chemins de Fer Dakar-Niger, un barrage était dressé, gardé par 45 agents appartenant à la police municipale ou à celle du réseau, 5 gardes de cercle et 6 gendarmes, dont 3 européens. Il était 7 h. 30 environ. Sortant des quartiers indigènes tout proches qui bordent la cité et des rues avoisinantes, des groupes compacts d’ouvriers et de bureaucrates viennent s’agglutiner devant l’entrée du dépôt. LIRE LA SUITE ICI
 http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article249

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire