La numération à base décimale
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la géométrie née de l'arpentage et de la spéculation des scribes
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le cadastre
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la méthode de quadrillage dite méthode des carreaux (homothétie et similitude)
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le calcul exact de la surface du carré, du rectangle, du triangle, du cercle
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la pyramide dans les mathématiques et dans l'architecture
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la symétrie (harmonie résultant de certaines combinaisons et proportions régulières) | ||||||||||||||||||||||||||
le calcul exact du volume d'un tronc de pyramide
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le Nombre d'Or dans l'architecture
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la quadrature du cercle
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la colonne
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L’obélisque
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« Rekhet » en égyptien pharaonique (langue négro-africaine classique) veut dire : « connaitre rigoureusement le réel », « connaitre en profondeur et de manière globale ». Le REKHET ACADEMY CLUB a pour objectifs l'étude et la divulgation du patrimoine intellectuel, historique et culturel de l’Afrique. Nous oeuvrons aussi pour un nouvel éveil de la Conscience Africaine face aux défis actuels du continent et du monde.
dimanche 27 mai 2012
QUELQUES NOTIONS DE LA GÉOMÉTRIE ÉGYPTIENNE
Philip Emeagwali (Nigéria, 1954) invente l’ordinateur le plus rapide au monde (1989)
Suite à des problèmes financiers familiaux, Emegweali quitte l’école à 14 ans mais son père lui donne des cours à domicile. Chaque jour, le jeune nigérian fait des exercices intellectuels tel que 100 problèmes mathématiques à résoudre en 1 heure. Son père l’entraîne jusqu’à ce qu’“il sache plus que lui même”. Philip Emeagwali reçoit une bourse de l’université d’Etat de l’Oregon aux USA et obtient un Bachelor en mathématiques à 17 ans. Il obtient par la suite un phD en sciences informatiques et deux masters. En étudiant les abeilles, le Dr Emeagwali s’inspire de la façon dont elles construisent et travaillent dans leur ruche pour mettre sur pied l’ordinateur le plus rapide au monde. En 1989, il utilise 65 000 processeurs afin de l’inventer, celui-ci peut mener jusqu'à 3,1 milliards de calculs par seconde, permettant un accès beaucoup plus facile à internet. L’inventeur nigérian est également connu pour avoir amélioré la productivité des champs pétroliers. Il a reçu le prix Gordon Bell, qui correspond au prix Nobel d’informatique. Son système informatique est aujourd’hui utilisé pour les prévisions météorologiques et pour prévoir et étudier les effets du réchauffement climatique. (SOURCES: https://www.facebook.com/mawulikplimi.imhotep)
Sandrine Ngalula Mubenga Lufungulo (RDC) invente la voiture hybride électricité/hydrogène (2009
Née en RDC, Mubenga tombe gravement malade à Kikwit et l’opération qui devait lui sauver la vie à 17 ans est suspendu à l’arrivée d’un groupe électrogène. Dès lors, elle prend conscience de la nécessité de l’électricité et décide de faire des études dans le domaine des énergies. En 2005, elle obtient avec honneurs sa Licence en Génie électrique de l’Université de Toledo, Ohio, USA. Sa persévérance au travail académique lui fera remporter plusieurs bourses et prix. En dernière année de Licence elle se fera remarquée par l’invention d’un systeme solaire portable qui procure de l’électricité à partir d’un panneau solaire. Passionnée par les énergies alternatives et renouvelables, elle poursuit une formation pour créer et intégrer les systèmes solaires photovoltaïques. En travaillant pour Advanced Distributed Generation, le plus grand installeur de système solaire dans le Midwest Américain, elle a l’occasion de faire le design et installer plusieurs systèmes solaires dans la ville de Toledo. Apres sa Licence, Mubenga travaille à la compagnie d’électricité FirstEnergy dans le système de distribution où elle est ingénieure dans le groupe de planification pendant un an.
Elle rentre ensuite aux études pour poursuivre une Maîtrise en Génie Electrique, sous l’aile de Dr. Stuart, un professeur connu dans le domaine et qui détient plusieurs inventions à son actif. A côté de cet éminent scientifique et pour sa recherche, Sandrine Mubenga fait une démonstration sur les technologies d’énergie alternative. Elle rend une voiture électrique hybride en y intégrant une pile à combustible à hydrogène. La voiture créée roule en utilisant l’hydrogène comme carburant et le courant direct. Avant que Sandrine Ngalula ne rende le prototype hybride, cette voiture roulait à une vitesse maximale de 67 km/h. Grace au système hybride qu'elle a mis au point, le prototype est passé à une vitesse de 191 km/h. Une autre caractéristique de cette voiture est qu'elle est silencieuse et qu’elle ne produit que de l’eau comme déchet. L’inventrice congolaise conçoit également une station service à hydrogène qui fonctionne à l'énergie solaire. Son principe de fonctionnement est simple : décomposer l'eau (H2O) en Hydrogène et Oxygène, puis recueillir l'hydrogène dans des réservoirs. La station est alimentée par un système solaire qui produit de l'électricité. La voiture peut donc rouler jusqu'à la station et faire le plein d'hydrogène. Tout le système - des panneaux solaire jusqu'a la voiture - ne produit pas de gaz carbonique, il est silencieux et utilise les énergies renouvelables, le soleil et l'hydrogène. Elle reçoit sur cette photo en 2009 le Nkoyi Mérite, qui est un prix de l’Etat congolais pour ses prouesses.
Son génie, Sandrine Ngalula souhaite également le mettre au service de son pays. Aussi, a-t-elle commencé à développer un plan d'électrification des villages en RDC. Ce plan est essentiellement conçu autour de la technologie solaire. Le Congo-Kinshasa aurait un potentiel énergétique solaire de 5 Kwh/m²/jour. En d'autres termes, le soleil fournit 5 Kw d'énergie sur 1 m² ; soit la puissance nécessaire pour alimenter environ 2 maisons. Or le Congo-Kinshasa a une superficie de 2,3 millions de Km² . Les potentialités sont donc gigantesques. (SOURCES: https://www.facebook.com/mawulikplimi.imhotep)
Kenneth Dunkley (1939): L'Inventeur des Lunettes à vision tridimensionnelle (3D)
Si vous avez pu voir Avatar notamment au cinéma avec des lunettes de vision 3D, dites merci à cet homme. Né à New York, Kenneth Dunkley est actuellement le président de la Laboratories Inc. Holospace à Camp Hill, Pennsylvanie. Il est surtout connu pour avoir inventé les lunettes visuelles à 3 dimensions. Son invention a permit de passer de la vision classique d'une photo à 2 dimensions (de haut en bas et de gauche à droite) à la 3 dimensions (de haut en bas, de gauche à droite, d’avant en arrière), sans aucun type de lentilles, de miroirs ou d'éléments optiques. En étudiant la vision humaine, Dunkley a découvert que le blocage de deux points dans la vision périphérique d'une personne fait apparaitre une photo ordinaire en 3D. Le concept de ses lunettes repose donc sur le blocage de ces points.
En plus de ses 3-DVG, Kenneth Dunkley reçoit également une attention pour ses efforts en tant que pionnier visuelle. Au Musée de la découverte scientifique à Harrisburg, Pennsylvanie, il a dirigé des ateliers visuels d'effets pendant quatre ans. Il est également un leader dans le domaine de l'holographie (illusion optique). (SOURCES: https://www.facebook.com/mawulikplimi.imhotep)
samedi 26 mai 2012
"L'Etudiant noir": un journal corporatif et de combat.
LA UNE DE L'ETUDIANT NOIR,
numéro 1 de mars 1935, avec l'article d'Aimé Césaire « jeunesse noire et assimilation ». (Une contribution de Patricia Triplet)
Dans cet article, Aimé Césaire affirme l'existence d'une nature nègre éternelle : « Si l'assimilation n'est pas folie, c'est à coup sûr sottise, car vouloir être assimilé, c'est oublier que nul ne peut changer de faune ; c'est méconnaître "altérité" qui est loi de Nature. »
L'Étudiant noir succède à L'Étudiant martiniquais, revue de l'Association des Étudiants Martiniquais en France, présidée par Gabriel Suvélor. Il fut publié de 1934 à 1940. C'est à l'instigation d'Aimé Césaire que le journal prit le titre de l'Étudiant noir.
Léon-Gontran Damas définit la fonction du journal : « l'Étudiant noir, journal corporatif et de combat, avait pour objectif la fin de la tribalisation, du système clanique en vigueur au quartier Latin ! On cessait d'être étudiant martiniquais, guadeloupéen, guyanais, africain et malgache, pour n'être qu'un seul et même étudiant noir. »
L'on note les contributions de Léonard Sainville, Henri Éboué et de deux anciens membres de la Revue du monde noir, Paulette Nardal et Gilbert Gratiant.
jeudi 17 mai 2012
mardi 15 mai 2012
jeudi 3 mai 2012
mardi 1 mai 2012
C. ANTA DIOP & GEORGE JAMES : DEUX TRAJECTOIRES, UN MEME COMBAT INTELLECTUEL
(Merci à Kimoto Ka
pour cette belle contribution)
En 1954 un Africain
Américain écrit l’équivalent Nations Nègres de Cheikh Anta Diop. En 1954 à
Paris, un jeune africain réinvente l’histoire africaine et son antériorité sur
les civilisations méditerranéennes. On sait beaucoup moins que la même année,
aux Etats-Unis, George Granville Monah James publie une thèse similaire à celle
de Cheikh Anta Diop intitulée Stolen
Legacy, ou L’Héritage Volé. Les
deux chercheurs ne se connaissent pas, ils vont pourtant changer l’histoire
africaine, l’histoire des peuples noirs de la planète, faisant involontairement
de l’année 1954 l’année de la renaissance intellectuelle négro-africaine. Quel
a été le parcours de l’autre inventeur de cette nouvelle histoire qu’est George
James, dans un champ universitaire et un contexte social américain dominé par
une suprématie raciale blanche post-esclavagiste ? En 1954, alors que l’Afrique
était encore sous occupation coloniale et que son patrimoine historique et
culturel, déjà mis à mal depuis quelques siècles, était encore à la merci
d’auteurs européens dont la probité intellectuelle était à l’exacte mesure du
mépris qu’ils nourrissaient à l’égard de ses peuples, un homme fit son
apparition sur la scène avec un Livre Evénement dont les retombés s’étendront
quelques années plus tard à la terre entière. Cet homme, c’est Cheikh Anta Diop
et le livre, Nations Nègres et Culture. Dans ce livre dont le contenu fut à
l’origine une thèse de doctorat proposée à la Sorbonne et rejetée pour raison
d’ «hérésie», l’auteur démontre d’une manière scientifique et implacable
l’antériorité des civilisations négro-africaines par rapport aux civilisations des
autres continents, conclusion logique une fois admise l’origine africaine de
l’humanité. Il y était aussi question Ô ! Sacrilège ! De l’origine et de la
nature négro africaines de la Civilisation de l’Egypte pharaonique, la plus
accomplie des civilisations de toute l’Antiquité, portée aux nues par les
égyptologues occidentaux qui n’étaient absolument pas disposés à lui
reconnaître une quelconque racine africaine et de surcroît nègre. Cette
«hérésie» valut à Cheikh Anta Diop non pas des critiques au sens scientifique
du terme, mais un «lynchage» organisé. Tel un gardien solitaire du temple, il
partit au combat et n’en démordit pas d’une once vingt années durant. Cette
confrontation connut son sommet en 1974 au Colloque du Caire, organisé, à sa
demande même, par l’UNESCO où il eut enfin l’occasion d’affronter sur le
terrain scientifique les Egyptologues du monde entier qui continuaient de lui
reprocher de «tenir des mythes pour vérités historiques». Assisté de son jeune
collaborateur Théophile Obenga, Cheikh Anta Diop marqua du sceau de son
excellence cette confrontation épique et battit en brèche les travaux de ses
adversaires, poussant l’UNESCO à faire siennes les conclusions de ses
recherches et à les intégrer dans l’écriture de l’Histoire Générale de
l’Afrique. Durant toutes ces années, de Nations Nègres et Culture en 1954 au
Colloque du Caire en 1974, les travaux de Diop, faute de traduction, durent
être confinés dans l’espace francophone. Ce n’est qu’en 1974, peu après la
Conférence du Caire que les chapitres phare de « Nations Nègres et Culture » et
de « Antériorité des Civilisations Nègres : Mythe ou Vérité Historique », un
autre ouvrage publié en 1967, furent traduits en anglais et publiés aux
Etats-Unis pour la première fois sous le titre « The African Origins of
Civilizations : Myth or Reality » avec un succès immédiat et immense, suivi du
plébiscite de l’auteur dont la reconnaissance par ses pairs africains
francophones commençaient à peine à l’issue du Colloque du Caire. Sur quoi
s’est fondée cette rapide renommée de Cheikh Anta Diop et de ses travaux dans
l’espace anglophone ? Au sein de la Communauté Noire s’entend. Avant d’entrer
en contact avec les travaux de Cheikh Anta Diop, quelle approche les
Africains-Américains avaient-ils de l’histoire africaine ? Quelles notions
avaient-ils des civilisations ayant prévalu sur le continent-mère avant
l’hécatombe sociale et culturelle causée par l’esclavage et la colonisation? Inutile
de détailler ici ce que pensaient les Blancs Américains du continent africain
et de ses peuples. Leurs idées similaires, sinon pire, à celles répandues en
Europe pouvaient se résumer ainsi : l’Afrique n’a jamais été le berceau d’une
quelconque civilisation à proprement parler et toute forme de civilisation repérée
lors de l’intrusion coloniale, en un quelconque lieu du continent, était tout
sauf l’œuvre des Nègres. Ceux-ci, «impropres à toute œuvre de l’esprit, puisque
intermédiaires entre les hommes et les animaux, gisaient au bas de l’échelle de
l’Humanité». Voilà grosso modo l’image que l’Amérique, à l’instar de l’Europe,
avait de l’Afrique et enseignait dans toutes les écoles et universités du pays.
La toute première génération de descendants d’esclaves instruites dans le
Nouveau Monde (Amérique continentale et Caraïbe) fut bien évidemment abreuvée
de cette insanité sur l’Afrique. Cependant, dès le dix-neuvième siècle, une
nouvelle génération d’Africains-Américains un peu plus instruite et surtout
autodidacte accéda aux témoignages des auteurs gréco-latins de l’Antiquité,
témoins oculaires du déclin de l’Egypte pharaonique pour qui cette dernière fut
sans aucune ambiguïté une civilisation négro-africaine à laquelle les
civilisations gréco-latines devaient leurs sciences et philosophie. Soucieux de
briser le mythe de l’infériorité culturelle et historique du Peuple Noir, les
premiers auteurs issus de cette génération dont les plus illustres furent
Edwards Wilmot Blyden et Martin Robinson Delaunay, essayèrent de porter leurs
découvertes au grand public. Mais, dépourvues de véritable formation
scientifique (les études supérieures leur étaient encore interdites dans bien
des régions du Nouveau Monde), ils manquèrent d’arguments consistants pour
s’imposer et eurent toutefois le mérite d’introduire les premières fêlures dans
le système idéologique raciste de l’époque. Leurs travaux servirent de base de
travail aux générations suivantes. Puis, une deuxième catégorie d’auteurs
africains-américains prit le relais vers la fin du dix-neuvième siècle avec,
dans ses rangs, des figures comme Anténor Firmin, W.E.B. DuBois, Frank Snowden
etc. Ayant eu la chance d’accéder aux études universitaires et par conséquent
mieux armés que leurs prédécesseurs, ceux-ci posèrent la problématique de
l’antériorité des civilisations négro-africaines d’une manière plus évidentes
mais n’allèrent pas toujours au bout de leur démarche par manque de compétence
interdisciplinaire. Ce manque sera comblé par les auteurs de la génération
suivante, la plus mûre et la plus aboutie. D’abord mûre des travaux déjà
considérables de ces prédécesseurs, mais aussi de la formation
interdisciplinaire qu’elle a pu recevoir. A la tête de cette génération nous
avons un certain Georges Granville Monah James, celui à qui cet article est
dédié. Au panthéon des combattants du
peuple africain égarés dans les méandres de l’histoire, George G. M. James
mérite une place de choix. Mort sur le champ de bataille avant d’avoir conclu
ce qu'il avait entamé, ce chevalier solitaire, ayant combattu pour notre
mémoire autre fois bafouée n’a pas à ce jour, en dehors de l’espace anglophone,
la reconnaissance que lui confère l’éminence de son travail accompli.
Georges Granville
Monah James est né à Georgetown, en Guyane anglaise vers la fin du Dix-neuvième
siècle. Sa date de naissance n’est pas officiellement connue à ce jour.
Toutefois, d’après quelques brochures biographiques qui lui ont été consacrées,
il semblerait que 1899 soit l’année probable de sa naissance. Son père, le
Révérend Linch B. James et sa mère Margaret E. James, appartenant à la minorité
noire instruite de la ville l’envoyèrent assez tôt à l’école. Dans un contexte
particulièrement compliqué pour les Noirs à cette époque, Georges Granville
Monah James parvint tout de même à acquérir une solide et riche éducation qui
le conduisit aux diplômes de Bachelor (licence) of Arts, de Bachelor of
Theology et de Master (Maîtrise) of Arts obtenus à l’Université de Durham en
Angleterre. Il entama ensuite une carrière universitaire en tant que
Responsable de programme de recherche à l’Université de Londres et plus tard à
l’Université de Columbia aux Etats-Unis où il prépara et obtint son diplôme de
Ph. D. (doctorat). En tant que professeur d’université, il enseigna les
sciences mathématiques, la Logique, le Grec et le Latin. Comme nombre de ses
collègues africains-américains de l’époque, il dut souvent se contenter de
chairs dans de modestes universités indignes de sa compétence et de la qualité
de son esprit. Aussi s’est-il retrouvé à la fin des années 1940 dans une petite
université de l’Arkansas du nom de Pine Bluff. Au cours de cette carrière
entamée dans les années vingt, Georges G. M. James s’est investit parallèlement
dans un projet personnel s’inscrivant dans la continuité des travaux des
illustres prédécesseurs de la communauté : ayant découvert la falsification
occidentale de l’histoire des peuples africains au cours de ses recherches
universitaires, il s’était promis de révéler celle-ci au grand jour mais en
adoptant une démarche scientifique tranchant assez singulièrement avec celles
des générations précédentes. Aux termes de longues et patientes années
d’investigation digne d’un esprit au savoir encyclopédique, il publia un livre
au titre évocateur de Stolen Legacy (l’Héritage Volé) en 1954. La même année
donc que celle de parution de Nations Nègres et Culture. Dans cet ouvrage qui
demeure encore à ce jour le plus abouti des ouvrages consacrés à l’origine
africaine de la philosophie et des sciences grecques, Georges G. M. James n’y
alla pas par quatre chemins. Pour lui, « les Grecs n’ont pas été les auteurs de
ce qui est injustement appelé la philosophie grecque ; celle-ci a été
principalement fondée à partir d’idées et de concepts empruntés sans aucune
reconnaissance, voire même volés par les auteurs grecs malhonnêtes aux
Egyptiens anciens » qui étaient un peuple africain. S’appuyant sur sa
connaissance parfaite des civilisations hellènes et latines, et usant d’une
démarche fondée sur la science de la logique dont il était enseignant à
l’université, Georges G. M. James n’éprouva aucune difficulté pour démontrer la
véracité de ses conclusions. Platon, élève de Socrate reconnu comme le père des
philosophes d’Athènes, fut reconnu lui-même par la postérité comme philosophe
exclusivement. Aristote, lui, élève de Platon qui fut le seul à lui avoir
enseigné vingt années durant, est renommé depuis des siècles comme un des
grands scientifiques de l’Antiquité. «Comment Platon fit-il donc pour enseigner
à Aristote ce qu’il ne connaissait pas lui-même, c’est à dire les sciences ? Et
pourquoi Aristote serait-il resté vingt années de sa vie à recevoir
l’enseignement de quelqu’un de qui, de toute évidence, il ne pouvait apprendre
aucune science ? Comment Aristote fit-il pour écrire le nombre extraordinaire
de livres (mille environ) qui lui ont été attribués et qui relève du domaine de
l’impossible pour une seule vie humaine ?» Telles furent les questions simples
et sans détour que Georges G. M. James posa d’emblée dans son ouvrage afin de
mettre en évidence les innombrables incohérences dont regorgent les récits
consacrés à la philosophie grecque et à la vie de ses auteurs. Stolen Legacy
fut d’abord publié dans une petite librairie locale de l’Arkansas moyennant les
économies personnelles de son auteur. L’ouvrage fit sensation et connut un
succès immédiat au sein de la communauté universitaire noire de l’époque. Le
contexte américain en était à la pleine ségrégation raciale et les mouvements
civiques battaient leur plein avec leurs lots de répressions et de violences
policières. Ceci n’empêcha pas pour autant l’information au sujet du livre et
de son contenu «révolutionnaire» pour l’époque de se propager assez rapidement
au sein des autres états du pays. Sollicité pour donner des conférences Georges
G. M. James n’eut jamais le temps de défendre son oeuvre. Il fut retrouvé un
matin égorgé dans son lit peu avant la fin de 1954. Ainsi vécut et disparut Georges Granville
Monah James. Dès la fin des années cinquante – début soixante, les Africains
américains en quête d’identité pour la reconstruction d’une véritable entité
sociale africaine américaine à l’instar de Malcolm X et de tous les mouvements
des années soixante, s’emparèrent de ses travaux et s’en servirent comme source
de renaissance. Cette renaissance fut l’objectif fondamental de sa démarche
même si la quête de la vérité tout court en fut le plus impérieux commandement
: «J’entends par-là une émancipation mentale, par laquelle les Noirs seront
libérés des chaînes du mensonge traditionnel qui pendant des siècles les ont
tenus prisonniers d’un complexe d’infériorité, de l’humiliation et des insultes
infligées par le monde entier».
Nul ne peut
aujourd’hui manquer de rapprocher cette démarche de celle qu’entama de son côté
la même année (1954) Cheikh Anta Diop avec la parution de Nations Nègres et
Culture ; tant leur similitude est évidente. Et lorsque nous pensons à la
solitude qui entoura le combat que Cheikh Anta Diop mena pour le triomphe de
ces idées, nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer ce qui aurait pu se passer
si Georges G. M. James n’avait pas connu cette mort violente et prématurée qui
demeure encore à ce jour un mystère. Et qu’en aurait-il été si les deux
gardiens du temple avaient pu se rencontrer ? D’une certaine façon, par leurs
idées et leur idéal de vérité historique et de renaissance, ces grands esprits
qui ont rendu à l’Afrique son Héritage Volé se sont rencontrés, on leur doit
une révolution intellectuelle dans le regard porté sur l’Afrique, cette
révolution en appelle d’autres, dans les pratiques culturelles, politiques,
économiques. Le travail des générations suivantes.
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